Sanctuaire de la Croix Miraculeuse des Cisterciens a Cracovie-Mogiła |
L’ordre cistercien vit le jour en France en l’an 1098. Cette nouvelle famille religieuse fut fondée par un groupe de moines bénédictins sous l’égide des saints abbés: Robert de Molesme, Albéric et saint Etienne Harding. Emplis du désir d’observer parfaitement la règle de saint Benoît du Mont Cassin, ils édifièrent une demeure qu’on dénomma bientôt «le nouveau monastère» de Cîteaux (en latin: Cistercium, d’où la dénomination de l’ordre: les cisterciens). Saint Bernard de Clairvaux, qui y rentra en 1112 avec une trentaine de proches et d’amis, joua un rôle capital dans le développement de l’ordre. Il fut un grand propagateur de la dévotion à Jésus crucifié et à la Sainte Vierge Marie. Aujourd’hui encore nous reprenons ses propres paroles: «Souvenez-vous», par lesquelles commence une belle prière en l’honneur de Sainte Marie. En 1222 Yves Odrowaz, évêque de Cracovie, fit venir de Lubiaz, en Silésie, des cisterciens à Mogila, le village a emprunté son nom à la tombe de Wanda, la légendaire fille de Krak; (actuellement Mogila fait partie de Nowa Huta, l’un des arrondissements de Cracovie). Les moines y construisirent une église monumentale dédiée à Marie sous le vocable de l’Assomption de la Sainte Vierge ainsi qu’à saint Venceslas et un couvent de style roman-gothique. L’église abbatiale fut consacrée en 1226 par l’évêque Jean Prandota en présence du prince Boleslas le pudique (Boleslaw Wstydliwy), de son épouse sainte Cunégonde et de nombreux fidèles. Dans l’église se trouve la chapelle de la Croix miraculeuse. La Sainte Croix est vénérée à Mogila depuis le XIV siècle. Au pied de cette croix ont prié des ducs et des rois polonais, dont Casimir le Grand, Ladislas Jagellon (vainqueur à Grunwald – Tannenberg des chevaliers teutoniques en 1410), la sainte reine Hedwige. En plus des rois, des princes et des évêques ce sont toutes les couches de la population et les innombrables fidèles venus des quatre coins du pays, qui sont venus vénérer la Sainte Croix de Jésus. Les cisterciens mirent en valeur les terres d’alentour. Par leur travail manuel ils ont, notamment, asséché des marécages, drainé l’eau des prés et des champs, construit des moulins à eau, c’est ainsi qu’ils ont développé l’agriculture et l’art de l’élevage. Ils ont également construit une église en bois, placée sous le patronage de St Barthélémy, pour y mener des activités pastorales. Cette église en bois date du XV siècle et fut plusieurs fois restaurée et agrandie. L’église abbatiale, par suite d’incendies, fut, elle aussi, plusieurs fois reconstruite. En leur état primitif on ne peut voir que le chœur, le transept et les chapelles latérales (côté sacristie). Au XVI siècle Stanislas Samostrzelnik, peintre et moine de Mogila, couvrit de ses fresques les parois de l’église et du couvent; on peut voir l’Annonciation dans le chœur, la Crucifixion au-dessus de la sacristie et sur les murs du cloître, le plafond et les murs de la bibliothèque du XVI siècle sont ornés également de ses fresques. La façade de l’église abbatiale fut reconstruite au XVIII siècle en style baroque. Dans le même style fut exécuté l’autel de la chapelle de la Croix Miraculeuse. La polychromie de la nef principale ainsi que celle des nefs latérales date de 1919, elle est l’œuvre de Jean Bukowski, peintre de Cracovie. Le crucifix de Mogila, sculpture grandeur nature, en bois d’ormeau, du Seigneur Jésus crucifié, plus connu sous le nom de Croix Miraculeuse, mesure 192 cm de haut et date du XIV siècle. Selon la légende les cheveux naturels qui ornent sa tête poussaient et devaient être coupés, un jour une coiffeuse en état de péché mortel eut l’audace de procéder à la coupe, ce qui mit fin au phénomène. Le bassin du Christ est ceint d’un périzonium (linge recouvrant les parties intimes) orné de fleurs brodées en fils d’or. Sa tête inclinée sur l’épaule droite, ses yeux expressifs, ses lèvres entrouvertes, semblent parler en silence aux fidèles en prière. Le visage de Jésus reflète la douleur de son cœur; les nombreuses grâces et guérisons accordées aux pèlerins ont conduit à qualifier de miraculeuse la croix du Seigneur Jésus de Mogila. La chapelle est clôturée par une grille en fer. Cette grille fut posée par le chevalier Stéphane Zoltowski en accomplissement d’un vœu fait pour avoir survécu à la terrible bataille de Cecora contre les Turcs, en 1620. Durant des siècles les fidèles reconnaissants ont offert de nombreux ex votos et objets précieux, malheureusement pillés par les Tatars, les Suédois et les Autrichiens; seulement une petite partie a pu être transférée au trésor national. Les ex votos que l’on peut voir sont contemporains et ont été offerts en gage de reconnaissance au Seigneur Jésus de Mogila. Les chroniques monastiques et la tradition orale nous rapportent un grand nombre de miracles dont ont bénéficié les fidèles ayant eu recours au Sauveur crucifié, certains d’entre eux sont mentionnés dans la brochure «Le miraculeux Seigneur Jésus de Mogila – histoire brève». Au fond du chœur de l’église abbatiale le maître-autel en pierre est la reconstruction d’un autel roman antérieur. Il est orné d’un polyptique gothique daté de 1514. Dans la partie centrale représente la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus. Les parties latérales comportent des scènes de la vie de la Sainte Famille et des peintures de la Passion du Seigneur. Dans les couloirs du cloître on trouve aussi d’éminentes traces des siècles passés, par exemple un triptyque du XV siècle comportant la Sainte Vierge, l’Enfant Jésus et des saints. En 1970, le pape Paul VI a accordé à l’église abbatiale le titre de basilique mineure. Grâce à la visite du Saint Père Jean-Paul II au sanctuaire de Mogila, qui a eu lieu le 9 juin 1979, les pélerins, encore plus nombreux que d’habitude – se sont rendus aux pieds du Seigneur Jésus Miraculeux, afin de passer toute la nuit en prière, conformément à l’usage de veiller la nuit du vendredi au samedi, chaque première semaine du mois. De même que lors de la fête de la Croix Glorieuse (avec son octave de 8 jours), célébrée tous les ans du 14 au 21 septembre. A cette occasion la principale célébration a lieu le dimanche tombant entre le 14 et le 21 septembre; la messe est alors célébrée à l’autel en plein air dans l’ancien jardin du monastère, (actuellement place Jean-Paul II), dont le mur d’enceinte porte le chemin de croix. En 1998, lors des fêtes de la Croix Glorieuse, nous avons rendu grâce à Dieu pour les 900 ans de présence des cisterciens dans l’Eglise universelle. Actuellement les cisterciens, au nombre de 4 500, y compris les cisterciens de la stricte Observance, dits Trappistes, sont présents sur les cinq continents. Par leur prière commune, au chœur, comme dans l’intimité, et par leur travail, ils servent Dieu et les hommes. Opactwo Cystersów w Mogile |